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pieds de haut, que l'on prend pour un cirque ; d'un arc de triomphe, dont les beaux ornements n'ont pas tout
fait disparu, et, dans une maison pauvre, un beau pav trs bien conserv, mais infrieur celui de Nmes. Le
vent de bise a souffl trs fort ces derniers jours, sous un ciel clair, temprant les chaleurs, qui sans lui
seraient accablantes. Je ne sais si la sant des Franais s'en accommode, mais il a sur la mienne un effet
diabolique, je me sentais comme prt tomber malade, le corps dans un malaise nouveau pour moi. Ne
pensant pas au vent, je ne savais quoi l'attribuer, mais la concidence des deux choses me fit voir leur
rapport comme probable ; l'instinct, en outre, beaucoup plus que la raison, me fait m'en garder autant que
possible. Vers quatre ou cinq heures, le matin, il est si pre qu'aucun voyageur ne se met en chemin. Il est
plus pntrant que je ne l'aurais imagin ; les autres vents arrtent la transpiration, celui-ci semble vous
desscher jusqu' la moelle des os. 20 milles.
Le 27. Avignon. Soit pour avoir vu ce nom si souvent rpt dans l'histoire du moyen ge, soit les
souvenirs du sjour des papes, soit plus encore la mention qu'en fait Ptrarque. dans ses pomes, qui dureront
autant que l'lgance italienne et les sentiments du coeur humain, je ne saurais le dire, mais j'approchais de
cette ville avec un intrt, une attente, que peu d'autres ont excit en moi. La tombe de Laure est dans l'glise
des Cordeliers ; ce n'est qu'une dalle portant une image moiti efface, et une inscription en caractres
gothiques ; une seconde fixe dans le mur montre les armes de la famille de Sade. Incroyable puissance du
talent quand il s'emploie dcrire des passions communes tous les coeurs ! Que de millions de jeunes filles,
belles comme Laure aussi tendrement aimes, qui, faute d'un Ptrarque, ont vcu et sont mortes dans l'oubli !
tandis que des milliers de voyageurs, guids par ces lignes imprissables, viennent, pousss par des
sentiments que le gnie seul peut exciter, mler leurs soupirs ceux du pote qui, a vou ces restes
l'immortalit ! J'ai vu dans la mme glise un monument au brave Crillon, j'ai visit aussi d'autres glises et
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Voyages en France pendant les annes 1787, 1788, 1789
d'autres tableaux ; mais Avignon, c'est toujours Laure et Ptrarque qui dominent. 19 milles.
Le 28. Visite au pre Brouillony, visiteur provincial, qui, avec, la plus grande obligeance, me mit en
rapport avec les personnes les plus capables en agriculture. De la roche o s'lve le palais du lgat, on jouit
d'une admirable vue des sinuosits du Rhne ; ce fleuve forme deux grande les, arroses et couvertes,
comme le reste de la plaine, de mriers, d'oliviers et d'arbres fruits, les montagnes de la Provence, du
Dauphin et du Languedoc bornant l'horizon. J'ai t frapp de la ressemblance des femmes d'ici avec les
Anglaises. Je ne pouvais d'abord me rendre compte en quoi elle consistait ; mais c'est dans la coiffure : elles
se coiffent d'une manire tout fait diffrente des autres Franaises. [ Nous avons t, comme vous, frapps
de la ressemblance des femmes d'Avignon avec les Anglaises, mais elle nous parut venir de leur teint, qui est
naturellement plus beau que celui des autres Franaises, plutt que de leur coiffure, qui diffre autant de la
ntre que de celle de leurs compatriotes. ( Note d'une dame de mes amies. ) ( Note de l'auteur. ) ]. Une
particularit plus l'avantage du pays, c'est qu'on ne porte pas de sabots, je n'en ai pas vu non plus en
Provence. Je me suis souvent plaint de l'ignorance de mes commensaux table d'hte, c'est bien pis ici : la
politesse franaise est proverbiale, mais elle n'est certainement pas sortie des moeurs de ceux qui frquentent
les auberges. On n'aura pas, une fois sur cent, la moindre attention pour un tranger, parce qu'il est tranger.
La seule ide politique qui ait cours chez ces gens-l est que, si les Anglais attaquent la France, il y a un
million d'hommes arms pour les recevoir ; et leur ignorance ne semble pas distinguer un homme arm pour
dfendre sa maison de celui qui combat loin de sa terre natale. Sterne l'a bien remarqu, leur comprhension
surpasse de beaucoup leur pouvoir de rflchir. Ce fut en vain que je leur fis des questions comme les
suivantes : Si une arme feu, rouille, dans les mains d'un bourgeois en faisait un soldat ? quand les soldats
leur avaient manqu pour faire la guerre ? si jamais il leur avait manqu autre chose que de l'argent ? si la
transformation d'un million d'hommes en porteurs de mousquets le rendrait plus abondant ? si le service
personnel ne leur semblait pas une taxe ? si, par consquent, la taxe paye par le service d'un million
d'hommes aiderait en payer d'autres plus utiles ? si la rgnration du royaume, en mettant les armes la
main a un million d'hommes, avait rendu l'industrie plus active, la paix intrieure plus assure, la confiance
plus grande et le crdit plus ferme ? Enfin je les assurai que, si les Anglais les attaquaient en ce moment, la
France jouerait probablement le rle le plus malheureux qu'elle ait connu depuis le commencement de la
monarchie. Mais, poursuivais-je, l'Angleterre, malgr l'exemple que vous lui avez donn dans la guerre
d'Amrique, ddaignera une telle conduite ; elle voit avec peine la constitution que vous vous faites, parce
qu'elle la croit mauvaise ; mais, quoi que vous tablissiez, Messieurs, vous n'aurez de vos voisins que des
voeux de russite, pas un obstacle. Ce fui en vain, ils taient persuads que leur gouvernement tait le
meilleur du monde, que c'tait une monarchie et non une rpublique, ce que je contestai ; que les Anglais le
croyaient excellent et qu'ils aboliraient trs certainement leur chambre des lords ; je les laissai se complaire
dans un espoir si bien fond. Arriv le soir Lille ( Lisle ), dont le nom s'est perdu dans la splendeur de celui
de Vaucluse. Impossible de voir de plus belles cultures, de meilleures irrigations et un sol plus fertile que
pendant ces seize milles. La situation de Lille est fort jolie. Au moment d'y entrer, je trouvai de belles alles
d'arbres entoures de cours d'eau murmurant sur des cailloux ; des personnes parfaitement mises taient
runies pour jouir de la fracheur du soir, dans un endroit que je croyais tre un village de montagnes. Ce fut
pour moi comme une scne ferique. Allons, disais-je, quel ennui de quitter ces beaux bois et ces eaux
courantes pour m'enterrer dans quelque ville sale, pauvre, puante, touffant entre ses murs, l'un des contrastes
les plus pnibles mes sentiments ! Quelle agrable surprise ! l'auberge tait hors de la ville, au milieu de
ce paysage que j'avais admir, et, de plus, une excellente auberge. Je me promenai pendant une heure au clair
de la lune, sur les bords de ce ruisseau clbre, dont les flots couleront toujours dans une oeuvre de
mlodieuse posie. Je ne rentrai que pour souper, on me servit les truites les plus exquises et les meilleures
crevisses du monde. Demain je verrai cette fameuse source. 16 milles.
Le 29. Les environs de Lille m'enchantent ; de belles routes plantes d'arbres qui en font des promenades
partent de cette ville comme d'une capitale, et la rivire se divise en tant de branches et conduites avec tant de
soins, qu'il en rsulte un effet dlicieux, surtout pour celui dont l'oeil sait reconnatre les bienfaits de
l'irrigation.
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Fontaine de Vaucluse, presque aussi clbre, que celle d'Hlicon et juste titre. On traverse une valle que
n'gale pas le tableau qu'on se fait de Temp ; la montagne qui se dresse perpendiculairement prsente ses
pieds une belle et immense caverne moiti remplie par une eau dormante, mais limpide ; c'est la fameuse [ Pobierz całość w formacie PDF ]

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